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TOLEDO, Biblioteca capitular 44.2

 

Antiphonaire séculier. Quatre lacunes. Temporal et sanctoral mélangés.

220 folios (plus 5 pages blanches et trois folios non numérotés: 92, 100 et 118)

Page: 394 x 264 mm.

Justification: 300 x 205 mm

fin xie - début xiie siècle.

Description et contenu

La reliure actuelle, réalisée au xviiie s., a été l’occasion d’insérer trois folios non numérotés, comportant une liste détaillant le sanctoral et diverses notices concernant l’histoire du manuscrit[1].

Le parchemin est en assez bon état à l’exception des premiers folios. La marge inférieure droite de tous les folios porte les traces d’un long usage.

Les 28 cahiers, tous des quaternions, sauf le 23e qui est un ternion, comportent tous signature et réclame[2].

Le manuscrit va du premier dimanche de l’Avent aux dimanches d’Octobre, en intercalant le sanctoral. Mutilé, il se termine par une collection de tons du psaume invitatoire[3].

Le manuscrit actuel comporte quatre lacunes:

 

– après le 3e cahier, des laudes d’Etienne à celles des Innocents:

– après le 4ecahier, les jours après l’Epiphanie et le début de l’office férial.

– après le 9e cahier, du vendredi de la 1e semaine de Carême au 4e dimanche.

– après le 15e cahier, entre le 8 et le 30 juin (de Médard à Paul).

 

L’étude liturgique du manuscrit a été conduite par Rocha[4].

Ecriture et notation

Le texte a été copié par un seul scribe.

La notation, aquitaine parfaitement diastématique sur une ligne à la pointe sèche, est distribuée sur 26 lignes par page. Elle est due à un seul notateur, à l’exception de quelques additions marginales et réécritures postérieures d’une encre plus sombre. Par endroits l’écriture originelle a été grattée et remplacée par une sorte de notation carrée.

La ligne de réglure possède la signification modale de certains manuscrits aquitains, même, ce qui est rare, pour les pièces du 4e mode[5].

En quelques cas, la numérotation de quelques répons a été corrigée tardivement, afin de procurer une nouvelle organisation à certains offices[6].

Histoire du manuscrit et intérêt pour l’étude

On incline aujourd’hui à en fixer l’origine à Moissac[7] sous l’influence de Gérald ou Géraud, responsable du scriptorium, envoyé à Tolède comme préchantre par Dom Bernardo[8], puis à Braga comme évêque[9].

La cote actuelle du manuscrit pourrait remonter à l’époque de la reliure. Elle a été précédée par une autre, 29-12 & 30-12, sous laquelle deux antiphonaires aquitains sont répertoriés dans un catalogue des livres de la Cathédrale remontant à 1727[10]. Faut-il aller jusqu’à voir nos deux livres (44.1 et 44.2) dans l’inventaire de 1664 qui mentionne entre autres livres liturgiques (sous les cotes de l’époque):

35-38 Brebiarium toletanum Antiquum n[on] e[st] integrum

35-39 Aliud brebiarium toletanum antiquum n[on] e[st] integrum

A moins qu’il ne faille les reconnaître, dans cet inventaire, sous l’annotation:

Mas dos manuales muy viejos - 60

D’abondantes rubriques marginales informent sur les coutumes des utilisateurs:

«Ce livre était destiné à une cathédrale: nous y trouvons référence à l’évêque (f. 19v, 32, 87), à l’archidoyen (f. 32) au prieur qui préside le chœur (f. 1v, 32)... Apparaît en outre la figure du préchantre (f. 97), celle du paraphoniste (f. 92v) et nous y rencontrons aussi les enfants (f. 16, 85v)... L’église à laquelle ce livre était destiné possédait ses coutumes liturgiques propres et le compilateur de ces textes l’affirme avec fréquemment: nos autem usum nostræ ecclesiæ servantes... secundum consuetudinem nostram[11]

L’importance du document en lui-même, meilleur témoin lisible des mélodies pratiquées en Aquitaine au début du xiie s., se double de l’influence considérable que ce manuscrit a eu dans la suite sur les liturgies de Tolède[12] et de Braga[13], et à travers elles sur toute la péninsule ibérique jusqu’à Séville[14].

Bibliographie

L. Collamore, Aquitanian Collections of Office Chants: a Comparative Survey. Diss., The Catholic University of America, Washington, 2000.

R. T. Olexy (et al.), An Aquitanian Antiphoner. Toledo, Biblioteca capitular, 44.2. Introduction by Ruth Steiner, Ottawa, 1992.

P. R. Rocha, «Influjo de los antifonarios aquitanos en el oficio divino de las iglesias del noroeste de la Península», dans: Estudios sobre Alfonso VI y la Reconquista de Toledo. Actas del II Congreso Internacional de Estudios Mozárabes, Toledo, 20-26 Mayo 1985, Toledo, 1990, 27-45.

R. T. Olexy, The Responsories in the 11th-Century Aquitanian Antiphoner Toledo, Bibl. Cap. 44.2. Diss., The Catholic University of America, Washington, 1980.

R. Steiner. «The Twenty-two Invitatory Tones of the Manuscript Toledo, Biblioteca Capitular, 44.1», dans: Music in Performance and Society, ed. Malcolm Cole - John Koegel, Warren, 1997, 59-79.

H. Anglès, El codex musical de Las Huelgas. Música aveus dels segles XIII-XIV, Barcelona, 1931, vol. 1, xix.

R. Gonzálvez Ruiz, Hombres y libros de Toledo. Madrid, 1997, 82-84, 690, 728 núm. 58.

J. P. Rubio Sadia, Las Ordenes religiosas y la introducción del Rito Romano en la Iglesia de Toledo. Una aportación desde las fuentes litúrgicas, Toledo, 2004, 117-124.

 

Manuscrit TOLEDO, Biblioteca capitular 44.2
(f° 29r, Laudes de l’octave de Noël)

 

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[1] [f. 1r]: «Ce livre, dont l’écriture est postérieure au xiie siècle, puisque saint Gérald dont il fait mention mourut au cours de ce siècle, commence par la fête suivante.» [suit la liste]

«Este Libro cuya escritura es posterior al siglo XII, pues S[a]n. Giraldo de quien hace????? mención, murió entrado ya d[ic]ho siglo, empieza por la Festividad siguiente.» [Sigue el índice]

[f. 2v]: «Saint Gérald fut “Capiscol” ou Chantre de cette Saint Eglise Tolétane. C’est l’archevêque Don Bernardo qui le fit de venir de France, quand, revenant de Rome, il passa par ce Royaume, en même temps que saint Pierre, évêque d’Osma,qui avait été archidoyen de cette  même Eglise. La vie de saint Gérald fut si exemplaire, et si précieuse sa mort, que Don Bernardo le célébra immédiatement comme un saint dès son trépas et adressa au peuple tolédan, pour l’anniversaire, un sermon remarquable sur le thème “Mirabilis deus in sanctis suis. L’Eglise de Braga, elle aussi, le célèbre comme un saint, et avant la correction duy Bréviaire romain sa fête se trouvait dans les bréviaires de Burgos, Bajoz et Tui.

L’Office du saint contenu dans ce manuscrit rapporte sa noble origine de la province d’Aquitaine en France, comment il s’est appliqué à l’étude des Divines Ecritures, sa vie séparée du monde, son zéle pastoral, ses miracles, et spécialement celui d’avoir fait entendre sa voix dès le sein de sa mère, et sa mort précieuse.» [suite du sanctoral]

«...S. Geraldo fue Capiscol ó Chantre de esta S[an]ta Yglesia Toledana; le traxo de Francia el Arzobispo D[o]n Bernardo quando viniendo de Roma passo por áquel Reyno juntamente, con S. Pedro Obispo de Osma, que fue Arcediano de esta misma Yglesia, y fue tan exemplar la vida de S. Giraldo, y tan preciosa su Muerte que se dive que el mismo D. Bernardo immediatamente [sic] despues de su transito le celebro como á Santo, y predico al Pueblo Toledano el dia de su aniversario un insigne Sermon cuio tema fue: Mirabilis Deus in Santis suis; tanbien [sic] le celebra como á Sancto la Yglesia de Braga, y antes de la Correccion del breviario Romano está puesta su Festividad en los Breviarios de Burgos, Badajoz y Tui.

El Oficio del Santo que este MS. incluye, refiere su noble Origen de la Provincia de Aquitania en Francia, haverse dedica do á los Estudios y Divinas Letras, su vida separada del Siglo, Zelo Pastoral, Milagros especialmente el haver proferido una Voz en el Vientre de su Madre, y su Muerte preciosa...» [Prosigue el santoral]

[f. 3v] «C’est Mgr Don Francisco Antonio Lorenzana, archevêque de Tolède, Primat d’Espagne, qui a demandé la copie de ette liste et des autres documents, dans ce style de caractère, à Manuel de Salazar, copiste des livres de chœur, en septembre 1775.»

«Mando Escribir este Indice, y otros, de esta Clase de Letra, el S[eño]r D[o]n Fran[cis]co Antonio Lorenzana. Arzobispo de Toledo, Primado de las Españas a Manuel de Salazar, Escritor de Libros de Coro; en el Mes de Septiembre de el Año de 1775».

[2] Plusieurs d’entre elles sont postérieures à la copie du manuscrit.

[3] R. Steiner, «The Twenty-two Invitatory Tones of the Manuscript Toledo, Biblioteca Capitular, 44.1», dans: Music in Performance and Society, ed. Malcolm Cole - John Koegel, Warren, 1997, 59-79.

[4] P.R. Rocha, L’office divin au Moyen Age dans l’Eglise de Braga, Paris, 1980.

[5] R.Th. Olexy, The Responsories in the 11th Century Aquitanian Antiphonal Toledo, Bibl. Cap. 44.2. Diss., The Catholic University of America, Washington, 1980, 41. Cf. C. Rodriguez Suso, El manuscrito 9 del monasterio de Silos, 482.

[6] R. Th. Olexy, The Responsories, 38ss.

[7] Il est un peu étonnant de voir un manuscrit séculier édité dans un centre monastique: mais, évoquant l’engagement de Cluny dans la romanisation des liturgies hispaniques, Dufour n’hésite pas à parler de Moissac «comme d’un centre actif de propagande pour la croisade vers l’ouest»: J. Dufour, La bibliothèque et le scriptorium de Moissac, 9. Cf. G. de Valous, «Les monastères et la pénétration française en Espagne du xie au xiiie siècle et l’abbaye de Moissac», Revue Mabillon 30 (1940), 82.

[8] J. P. Rubio Sadia, Las Ordenes religiosas y la introducción del Rito Romano en la Iglesia de Toledo. Una aportación desde las fuentes litúrgicas, Toledo 2004, 74-80. J. Dufour, «Les manuscrits liturgiques de Moissac», dans: Liturgie et musique (ixe - xive s.), Cahiers de Fanjeaux 17 (1982), 117-118.

[9] J. Dufour, La bibliothèque et le scriptorium de Moissac, 3, 8.

[10] Madrid, Biblioteca Nacional, Mss. 13413: Indice/de/todos los libros/Manuscriptos/ que se guardan en esta bibliotheca de la Sta. Yglesia/de Toledo....comprehendidos todos/en 32 caxònes....Acabado/Año de MDCCXXVII a 21º de Abril. Nous remercions le Prof. Juan Carlos Asensio pour ces informations.

[11] P. Rocha, Influjo de los antifonarios aquitanos 32-33

[12] J. P. Rubio Sadia, Las Ordenes religiosas y la introducción del Rito Romano en la Iglesia de Toledo, en donne deux exemples concrets avec les répons de l’Avent (157-165), et ceux du Triduum (165-171).

[13] R. Gonzalvez, Hombres y libros de Toledo, 84.

[14] P. Rocha, Influjo de los antifonarios aquitanos, 30-36.

 

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