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SANKT-GALLEN, Stiftsbibliothek 390-391

 

Antiphonaire complet en deux volumes, monastique pour les antiennes, séculier pour les répons. Relié avec un tonaire et diverses additions. Temporal et sanctoral mélangés.

97 et 132 folios paginés de 1 à 194 et de 1 à 264.

Page: 220 x 167 mm.

Justification: 167 x 128 mm.

X-XIe siècle.

Description et contenu

Seul l’antiphonaire de l’office nous intéresse ici. Les deux volumes n’en faisaient qu’un à l’origine, comme en témoigne la miniature du folio 11. Attribué au moine de Saint-Gall «Hartker le reclus» († 1011 ou 1017) par le frontispice du manuscrit et les catalogues de la Stiftsbibliothek, l’antiphonaire présente une structure liturgique complexe. Plutôt monastique dans le choix des antiennes, il comporte aussi des caractéristiques séculières, comme le nombre des répons des Vigiles[1]. Mais ce n’est pas tout: de nombreux formulaires comportent un nombre d’antiennes supérieur (et parfois, de loin) aux besoins de la célébration[2].

Plutôt que d’y voir un livre «extravagant», il est probablement plus exact d’y reconnaître la tentative d’un centre monastique important de compiler le plus grand nombre possible de pièces liturgiques de l’office.

Chaque volume a été paginé au crayon au xviiie siècle, sans tenir compte des lacunes. Une deuxième pagination a été introduite pour le deuxième volume, en continuité avec celle du premier.

L’organisation du manuscrit a été rendue complexe à l’occasion de la reliure en deux volumes. L’analyse codicologique, en particulier l’étude des cahiers[3], a été conduite en détail par Jacques Froger dans la deuxième édition de la Paléographie musicale[4]. Nous nous contentons de donner une rapide description du contenu liturgique selon l’ordre du manuscrit, en signalant additions et remaniements:

1er volume

 

14-82

du 1er dimanche de l’Avent au 5e dimanche après l’Epiphanie

83-101

office férial

101-105

office de la Trinité

105-134

sanctoral de Sébastien à l’Annonciation

134-186

temporal de la Septuagésime au Jeudi saint

187-194

extraits du Tonaire, des Communs et de la psalmodie alléluiatique[5]

 

2e volume

 

1-8

extraits du Tonaire

9-22

additions du xiiie siècle

217-236

du Vendredi saint au mercredi de Pâques

237-244

remaniement du mercredi de Pâques au 4e dimanche après Pâques

245-272

de Philippe et Jacques à la Pentecôte

273-302

sanctoral du 24 juin au 29 août

303-304

addition du xiiie siècle

305-308

Nativité de Marie

309-311

addition du xiiie siècle

311-340

sanctoral de Maurice à Othmar

341-344

remaniement Othmar

345-359

sanctoral de Othmar à André

360-386

Communs

386-389

Afra

389-394

Office des défunts

395-420

Historiæ bibliques

420-425

Antiennes pour les cantiques Benedicite, Benedictus et Magnificat

426-432

Dimanches après la Pentecôte

433-438

addition du xiiie siècle

439-452

invitatoires et mélodies du Psaume 94[6]

452-454

addition du xiiie s.

455-458

extraits du Tonaire

 

Les manuscrits ont été reliés à neuf en 1931, à l’atelier de reliure d’Engelberg.

Ecriture et notation

17 lignes par page. L’écriture du texte, assez homogène[7], est brun foncé.

Les neumes, caractéristiques de la notation neumatique de Saint-Gall sont sensiblement plus clairs que le texte littéraire. Ils ressemblent de près, avec une moindre richesse de formes cependant[8], à ceux du Cantatorium (St. Gallen, Stifts. 359) copié un petit siècle plus tôt.

Presque toutes les antiennes sont dotées en marge d’une indication tonale[9] composée d’une lettre – a e i o u H y w – désignant le ton psalmodique, – respectivement de 1 à 8 – éventuellement suivie d’une consonne précisant la cadence finale lorsque le ton en possède plusieurs.

L’attribution traditonnelle au reclus Hartker, bien connu des chroniques de l’abbaye, a pu retarder la critique de la «main principale».

 

Manuscrit SANKT-GALLEN, Stiftsbibliothek 390-391
(f° 11, Hartker offre son manuscrit à saint Gall)

Froger en avait remarqué les «fluctuations que l’on ne sait trop comment interpréter»[10] et évoqué la possibilité que Hartker soit «un terme collectif désignant à la fois Hartker et ses collaborateurs».

La préparation des tableaux comparatifs d’antiennes (cf. annexes) a manifesté ces différences subtiles avec plus d’évidence, car elle implique la copie successive de nombreuses pièces situées à des emplacements très différents dans le manuscrit[11].

Histoire du manuscrit et intérêt pour l’étude

La division en deux volumes (entre 1265 et 1277)[12], les remaniements et les additions qu’a subis le manuscrit n’enlèvent rien à son autorité: c’est le plus ancien témoins complet et neumé de l’office[13]. Un intérêt unique, donc, encore renforcé par la richesse de pièces contenues dans le manuscrit et dont le nombre dépasse largement les besoins du monastère d’origine. Le manuscrit avait déjà été remarqué par Tomasi qui en avait publié le texte[14].

Bibliographie

Paléographie musicale IIe série, 1. Solesmes, 1900. Nouvelle édition, avec introduction de J. Froger, Berne, 1970.

A. Schubiger, Histoire de l’école de chant de Saint-Gall du viiie au xiie siècle, documents fournis à l’histoire du plain-chant pendant le moyen-âge, notes par Théodore Nisard, Paris, 1866.

R. van Doren, Étude sur l’influence musicale de l’abbaye de Saint-Gall (viiie au xie siècle), Bruxelles, 1925.

E. Omlin, «Hartker von St. Gallen», Zeitschrift für zchweierische Kirchengeschichte, Fribourg, 1931, 226-233.

R.-J. Hesbert, CAO 2, vi-ix.

R. Steiner, «Hartker’s Antiphoner and the Oral Tradition of Chant at St. Gall», Sangallensia in Washington. The Arts and Letters in Medieval and Baroque St. Gall, Viewed from the Late Twentieth Century, ed. James C. King, New York, 1993.

K. Prassl, «Rhetorische Notation als Vermittlung liturgischer Theologie in den Codices St. Gallen 390/391 und Einsiedeln 121», Studia musicologica 45 (2004), 201-212.

 

Manuscrit SANKT-GALLEN, Stiftsbibliothek 390-391
(f° 37v, répons de l’Epiphanie)

 

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[1] R.-J. Hesbert, CAO 2, viii.

[2] Par exemple, les laudes de l’office férial comportent souvent plusieurs antiennes pour le même psaume: CAO 39a, 40, 42a.

[3] Presque tous les cahiers ont été numérotés au Moyen Age, par une main postérieure à Hartker.

[4] J. Froger, Paléographie musicale, IIe série, 1, 15* et suivantes.

[5] Avec une lacune évaluée à un folio ( correspondant à la psalmodie alléluiatique).

[6] Avec une lacune évaluée à un folio.

[7] J. Froger, Paléographie musicale, IIe série, 1, 34, a évoqué un possible «vieillissement» du copiste.

[8] R. Steiner, Hartker’s Antiphoner and the Oral Tradition, 206.

[9] Cf. A. Schubiger, Histoire de l’école de chant de Saint-Gall, 22. J. Froger, Paléographie musicale, IIe série, 1, 50*.

[10] J. Froger, Paléographie musicale, IIe série, 1, 35*-36*.

[11] Un bon exemple est donné par la comparaison des pages 82-83 avec les pages 324-325.

[12] Non prévue à l’origine, elle a voulu distinguer une pars hiemalis et une pars æstiva. Approximative, elle se fait au plus proche de Pâques, entre deux cahiers, entre le Jeudi et le Vendredi saints. (J. Froger, PM II-1, 28*).

[13] Son seul «concurrent» à cet égard pourrait être l’antiphonaire du Mont-Renaud, mais la datation de ce dernier laisse trop d’incertitudes (cf. supra).

[14] Responsorialia et Antiphonaria Romanæ Ecclesiæ a S. Gregorio Magno disposita… opera et studio Josephi M. Card. Tomasi, Rome, 1686.

 

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