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MONT-RENAUD, Collection privée

 

Graduel[1] relié avec un antiphonaire monastique adapté à l’usage séculier

Temporal et sanctoral mélangés.

130 folios. Pas de foliotation ancienne.

Format: 280 x 200 mm.

Justification: 230 x 145 mm.

x-xie siècle.

Description et contenu

L’antiphonaire commence au folio 49r.

Le manuscrit comporte plusieurs lacunes:

 

un quaternion, de la Trinité à Benoît (11 juillet):

96v/97r

un bifolio, Eloi (1er déc.) et commun des martyrs:

112v/113r, 118v/119r

un bifolio, commun des confesseurs, répons de Sapientia:

118v/119r, 123v/124r

un bifolio, répons de Machabeorum et de Psalmis:

127v/128r

un quaternion

à la fin du manuscrit.

 

Ecriture et notation

Graduel: 20 lignes par page. Antiphonaire: 24 lignes par page.

La plus grande partie des neumes, français, du style de ceux de Corbie[2], ont été ajoutés postérieurement par une plume au ductus un peu fruste, mais qui traduit de nombreux détails rythmiques[3] ou mélodiques. Pas d’épisèmes ni de lettres significatives[4]. C’est ce que nous appelons la main principale.

Le manuscrit ne compte pas moins de trois autres mains françaises et quatre mains messines supplémentaires, au long du manuscrit[5]. La chronologie de ces diverses mains est encore incertaine: en particulier, l’étude attentive de la superposition des neumes français colorés (en vert au f° 47 et en rouge au f° 49v) avec des neumes messins noirs «pourrait remettre en cause la priorité de la main principale française défendue aux pages 26 et 27 de l’introduction…» [6].

Histoire du manuscrit et intérêt pour l’étude

La datation et l’origine du manuscrit (rarement consulté depuis sa redécouverte) ne font pas l’unanimité[7]. Le texte – non prévu pour être noté – aurait pu être copié dès le xe siècle, après 920[8]. Les neumes nous orientent vers la seconde moitié du xe siècle ou le début du xie s, et la décoration vers le xie s.[9]

L’antiphonaire, de type monastique, a été adapté très tôt, mais en plusieurs fois[10], à l’usage séculier au moyen d’indications marginales ou interlinéaires. Liturgiquement, certains éléments le rattachent à l'abbaye de Saint-Denis[11]: outre la présence d’un office propre le 9 octobre (f° 104v), l’ordre des répons est proche de celui donné par la table d’antiphonaire située à la fin de Paris Mazarine 384 (xie s.) ou par Paris BnF lat 17 296 (xiie s.). Par contre, son écriture musicale le rapprocherait plutôt de Corbie[12], centre avec lequel les points de contact liturgiques ne manquent pas non plus (Paris BnF lat 11 522, du xie s.).

La place de saint Eloi et de saint Etienne dans les litanies et le sanctoral montrent que le manuscrit est originaire de Noyon (monastère Saint-Eloi et sa dépendance Saint-Etienne). Comme il est possible que les moines de Saint-Eloi de Noyon aient pu venir de Corbie, cette dernière attribution reste aujourd’hui la plus soutenable. Elle correspond mieux aussi aux offices propres contenus dans le manuscrit[13].

Postérieur de peu à Hartker, ce manuscrit est le plus ancien témoin neumatique proche des traditions de Saint-Denis/Corbie/Worcester, dont il éclairera les témoignages. La relative diastématie de sa virga[14] et ses neumes spéciaux en font aussi une référence pour les questions relatives à la qualité du si et aux choix si-do.

 Bibliographie

Paléographie musicale, tome 16, Solesmes, 1955, rééd. 1989.

D. Saulnier, «Die Handschrift von Mont-Renaud und ihre französichen Varianten», Musicologica Austriaca 14/15 (1996), 125-132.

D. Saulnier, «Les torculus du Mont-Renaud», EG 24 (1992), 135-180.

D. Saulnier, «Les climacus du Mont-Renaud», EG 32 (2004), 147-151.

A. Walters Robertson, The ServiceBooks of the Royal Abbey of Saint-Denis, Oxford, 1991, 425-434.

M. Huglo, Les Tonaires, Paris, 1971. 91-102.

D. Escudier, «Des notations musicales dans les manuscrits non liturgiques antérieurs au xiie siècle», Bibliothèque de l’Ecole des chartes, 129 (1971), 27-48.

G. Beyssac, «Le graduel-antiphonaire du Mont-Renaud», Revue de musicologie 40 (1957), 131-150.

 

Manuscrit «du Mont-Renaud», collection privée
(f° 63r, répons de l’Epiphanie)

 

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[1] Le graduel s’étend des folios 1 à 48v, avec une lacunre importante, des Rameaux à l’Ascension.

[2] Comme Paris BnF lat 11 522 et Paris BnF lat 18 010; cf. PM 16, 37-38.

[3] D. Saulnier «Les torculus du Mont-Renaud», EG 24 (1992), 135-180. «Die Handschrift von Mont-Renaud und ihre französichen Varianten», Musicologica Austriaca 14/15 (1996), 125-132. «Les climacus du Mont-Renaud», EG 32 (2004), 147-151.

[4] Sauf la curieuse addition postérieure du «c» affectant de nombreux podatus entre les folios 97r et 112r.

[5] PM 16, 27.

[6] PM 16, additif à la 2e édition, Solesmes, 1989.

[7] G. Beyssac, «Le graduel-antiphonaire du Mont-Renaud», Revue de musicologie 40 (1957), 131-150. Critiqué par M. Huglo, Les tonaires, 91-102, et revu par A.W. Robertson, The Service-books, 425-434.

[8] Il contient en effet l’office de la Trinité attribué à Etienne de Liège: cf. PM 16, 31.

[9] D’après M. Jean Vezin qui a pu examiner le manuscrit lui-même, et que nous remercions pour le long entretien qu’il nous a consacré.

[10] PM 16, 25.

[11] Le graduel comporte déjà l'offertoire — ou plutôt le verset — Qui cherubim (f° 37v), adaptation probablement tardive du Cherubikon byzantin. Cf. M. Huglo, «Les chants de la Missa Græca de Saint-Denis», dans: Essays presented to Egon Wellesz, ed. J. Westrup, Oxford, 1966, 74-83.

[12] Paris, BnF lat 18 010. Seules quelques pièces de Paris BnF lat 11 522 sont neumées.

[13] A.W. Robertson, The Service-books, 427.

[14] La virga est relativement plus longue (plus courte) selon que le son est aigu (grave).

 

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