Antiphonaire détruit au cours de la seconde guerre
mondiale, connu par les seules photographies de l’Atelier
paléographique de Solesmes.
Temporal complet, mêlé avec le sanctoral
d’Avent-Noël.
197 folios, numérotés de 1 à 197.
Format et justification inconnus[2].
Fin xiiie
siècle.
Le Catalogue général de 1879 comporte la notice suivante:
Petit in-folio sur vélin. Antiphonarium ecclesie Sancti Arnulfi Metensis. Commencement du xiiie s. Marqué «Liber sancti Arnulfi». Longues lignes: musique notée.
1 |
temporal-sanctoral
mêlés à partir du 1er dimanche de
l’Avent |
60 |
psautier |
72 |
temporal à partir de
de la Septuagésime |
123v |
Vigile pascale |
146v |
Pentecôte |
152v |
Trinité |
157 |
dimanches après la
Pentecôte |
164v |
historiæ bibliques |
184 |
additions
postérieures (Fête-Dieu et Ste Catherine) |
Ecriture du texte en gothique française. Notation
messine sur portées de 4 lignes tracées à l’encre,
avec signes du bémol et du bécarre fréquemment
employés: 13 portées par page.
A l’exception des folios 116-118,
d’écriture plus tardive et de décoration moins
élaborée, l’écriture et la notation du manuscrit
sont très homogènes.
Décoration riches en lettres ornées bien
hiérarchisées: Aspiciens
(1v), Confessor Dei (8), Hodie nobis (27), Qui vicerit
(37v), Hodie in Iordane (52v), etc.
L’origine de Saint-Arnould de Metz est
confirmée par la comparaison avec d’autres manuscrits de ce
centre, comme l’Ordinaire, manuscrit 132[3]. On remarque aussi l’initiale très
ornée (la seule miniature du manuscrit) au 27 décembre, pour la
fête de saint Jean, réputé à saint-Arnould «primus
et maior patronus»[4].
METZ Médiathèque muncipale, 132, f° 27r
Ordinaire de Saint-Arnould (vers 1240). Psalmodie alléluiatique.
Ce manuscrit, conservé dans une casemate de la Ligne Maginot (fort de Mont-Saint-Quentin), près de Metz, a été détruit avec 587 autres manuscrits, entre le 31 août et le 1er septembre 1944[5]. En 1949 ou 1950, Jean Porcher, Conservateur en chef des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, est venu à Solesmes pour examiner ce que l’Atelier de paléographie possédait comme photos des manuscrits détruits durant la seconde guerre mondiale, principalement des bibliothèques de Chartres et de Metz, et en obtenir des reproductions.
Si Metz 83 n'est pas mentionné dans l'édition de l’Ordinaire de St Arnould, son contemporain, c’est probablement parce qu’Odermatt ignorait l’existence des photographies et considérait le manuscrit comme perdu.
A la recherche des manuscrits «les plus éloignés de l’octoechos»[6], Jean Claire avait écarté le manuscrit 83 au profit du manuscrit 461, originaire de la cathédrale, qui aurait mieux conservé les archaïsmes de la tradition messine[7]. De fait, Saint-Arnould de Metz a été réformé par St-Bénigne de Dijon en 996-997[8]. M. Huglo a fait remarquer les contact entre Metz et Dijon pour certaines conceptions de Réginon de Prüm[9].
L’intérêt de ce manuscrit pour l’étude est multiple. Nos tableaux comparatifs révèlent une tradition mélodique lotharingienne, proche et pourtant distincte de la tradition germanique, avec des influences françaises. Le rôle spécifique que Metz a pu jouer dans la naissance du répertoire romano-franc, ainsi que les liens entre la tradition de Saint-Arnoud et la réforme cistercienne[10], recommandaient d’intégrer ce témoin, complet pour tout le temporal, dans nos comparaisons.
J. Claire,
Les répertoires liturgiques latins avant l’octoechos, 16.
Scriptorium 1968, Bulletin codicologique, n° 381[11]: 1959, BC n° 554[12]
Catalogue
général des manuscrits des bibliothèques publiques des
départements,
V (1879), 33.
Paléographie musicale III, pl. 171 (f° 27v).
Manuscrit METZ, Bibliothèque municipale 83, f° 37v
Initiale miniaturée de la fête de saint Jean, maior patronus
Manuscrit METZ, Bibliothèque municipale 83 (f° 58r, Octave de l’Epiphanie)
[1] Aujourd’hui «Médiathèque», mais le manuscrit ayant disparu, nous mentionnons son ancien dépôt.
[2] D’après les photos: largeur = 13/17 de la hauteur: marges latérales = 1/6 de la largeur de page: marge inférieure non évaluable.
[3] L’édition du 132 par A. Odermatt, Der Liber Ordinarius der Abtei St. Arnulf vor Metz (Metz, Stadtbibliothek, Metz 132, um 1240), Spicilegium Friburgense 31. Freiburg-in-Breisgau, Universitätsverlag, 1987, reproduit en hors-texte quatre pages de ce manuscrit.
[4] Cf. A. Odermatt, op. cit., 373. Reproduction infra à la fin de la présente notice.
[5] Catalogue général des manuscrits des Bibliothèques publiques de France, 53 (1962), 12.
[6] J. Claire, Les répertoires liturgiques latins, 13.
[7] J. Claire, Les répertoires liturgiques latins, 16.
[8] N. Bulst, Untersuchungen zu den Klosterreformen Wilhelms von Dijon (962-1031), 81-86.
[9] A propos de l’abrégé Quoniam pauci sunt…, cf. M. Huglo, Les tonaires, 78.
[10] Cf. Cl. Maître, La réforme cistercienne du plain-chant, 42-45 et 52.
[11] Cf. R. Le Roux, «Guillaume de Volpiano. Son cursus liturgique au Mont-Saint-Michel et dans les abbayes normandes», dans: Millénaire monastique du Mont-Saint-Michel, t. I, 1967, 417-472.