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GRANDE-CHARTREUSE 808

 

Antiphonaire cartusien (cursus bénédictin), temporal et sanctoral séparés

250 folios. Foliotation de I à CCXLII[1] à partir du 2e cahier.

Reliure: 230 x 170 x 70 mm ; page : 215 x 155 mm.

Justification : 150 x 115 mm.

xive siècle (1346) : « Finitus fuit die marcii mñsis año Dñi M°CCC°XLVI° »[2].

Description et contenu

Antiphonaire cartusien complet[3], précédé des tons d’un Vénitoire d’une autre main contemporaine et suivi de quelques additions postérieures.

La foliotation est indiquée au centre supérieur de chaque page, en chiffres romains[4].

L’antiphonaire commence au verso du folio 8. Le premier cahier contenant les tons du psaume invitatoire n’est pas folioté.

 

1r

Temporal, du 1er dimanche de l’Avent à la fin du temps après la Pentecôte

141v

In sacramento altaris (Corpus Christi)

148r

Dimanches après la Pentecôte

170r

Office de la Dédicace

172r

Propre des saints, de la Conversion de S. Paul à la fête des Reliques

216r

Communs

241v

additions :

– tons du Gloria des répons ; Salve regina, Te Deum et Te decet laus (main contemporaine)

– rudiments de tonaire sur le premier verset du Benedictus (xve s.), et exercices de solfège (xviiie s.).

 

Ecriture et notation

Ecriture gothique, de moyenne grandeur, avec majuscules en rouge, le tout très simple.

Notation musicale en carrés français[5] assez gros sur 4 lignes rouges, avec clé de fa ou de do, bémol et bécarre de première main.

Comme souvent dans les manuscrits chartreux, des barres[6] distinguent les groupes de mots ou de syllabes, voire de notes dans les neumes un peu longs[7]. Initialement destinées à faciliter la lecture, ces barres acquirent progressivement (au début du xviie s. ?) une signification rythmique de pause dans le chant[8].

Une « grande barre » indique le plus souvent la fin des pièces. Ici ou là, une grande barre épaisse, sans doute postérieure, a été ajoutée pour marquer les intonations[9].

 

GRANDE-CHARTREUSE 808, f° 39v.

Mis à part les huit premiers folios et les additions finales, la notation du mansucrit est homogène.

Histoire du manuscrit et intérêt pour l’étude

Le manuscrit est d’origine chartreuse. Selon les notes de la bibliothèque de la Grande-Chartreuse, il aurait été copié à Rettel (aujourd’hui Rethel)[10] au diocèse de Metz, monastère bénédictin cédé aux Chartreux en 1431[11]. Mais on voit difficilement comment une telle origine serait compatible avec la date de sa copie (1346).

Quelques additions postérieures montrent que le manuscrit a été en usage jusqu’au xviie siècle.

Sur la première feuille de garde, on voit au recto, avec quelques essais de plume moderne une courte règle pour la transposition : elle est rédigée en italien, d’une écriture du xviiie s, ce qui semble indiquer que le manuscrit a séjourné en Italie. Au verso de cette même feuille, on lit, d’une écriture du xviiie s. : « Cordier ex Chartreux », et au-dessous, de la même main, le début de l’invitatoire de la litugie romaine des défunts : Regem cui omnia vivunt.

La feuille de garde de la fin porte également une note en italien touchant la transposition des modes, de la même main que pour la première feuille, avec des exercices de solmisation disposés sur cinq lignes.

La compilation assez volontariste de l’office chartreux ne doit pas laisser dans l’ombre son enracinement encore incomplètement connu dans les traditions locales de chant liturgique (Grenoble, Lyon, Valence ?)[12]. Et les variantes mélodiques qui affectent certaines pièces du répertoire sont présentes dès les premiers témoins manuscrits neumatiques[13].

Les trois principes qui régissent cette compilation écrite peuvent d’ailleurs être mis en relation avec les exigences de la mémorisation.

D’abord, les textes sont tirés exclusivement de l’Ecriture Sainte. Cette exigence, plus lyonnaise[14] que cartusienne, garantit un contrôle doctrinal simple et radical du répertoire chanté. Mais qui ne voit comme elle en facilite aussi la mémorisation ? D’ailleurs (second principe), ces textes sont disposés selon leur ordre d’apparition dans la Bible[15]. Enfin, les mélodies difficiles à exécuter et à mémoriser sont proscrites. Ce troisième principe, fondé sur l’observance monastique spécifique, entraîne d’importantes conséquences sur la transmission écrite et orale du répertoire.

Contrairement à ce qui se passe pour les livres cisterciens, aucun témoignage n’atteste que des principes théoriques, d’ordre musical, soient intervenus lors de la composition de l’Antiphonaire chartreux.

Du point de vue de notre étude, la manière dont le manuscrit Grande Chartreuse 808 note la qualité du si nous obligeait quasiment à l’intégrer parmi les témoins principaux. C’est un manuscrit original qui rejoint fréquemment Metz 83 à ce sujet ; or Lyon, Metz et Aix-la-Chapelle ont été mis en relation très tôt dans la diffusion du répertoire romano-franc[16].

Bibliographie

Dominique Mielle de Becdelièvre, Prêcher en silence. Enquête codicologique sur les manuscrits du xiie siècle provenant de la Grande Chartreuse, Publications de l’Université de Saint-Etienne, Saint-Étienne, 2004.

 

Manuscrit GRANDE CHARTREUSE, 808
(f° 43v, répons de l’Epiphanie)

 

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[1] C’est cette foliotation que nous suivons désormais.

[2] D’après la mention copiée au verso du f° 215 : curieusement le quantième manque. La date du xiiie siècle donnée par le CAO (vol. 5, n. 690, p. 9) est excessivement haute.

[3] Pour des raisons que nous ignorons, le propre des saints se limite aux fêtes comprises entre le 25 janvier et le 13 novembre. Cf. J. Hourlier - B. du Moustier (= Lambres), « Le calendrier cartusien », EG 2 (1957), 151-161.

[4] Les folios CLXXVI et CLXXXV ont été oubliés.

[5] Et non aquitains, comme souvent les manuscrits chartreux ; cf. London, BL add 17303, PM 2, pl. 105.

[6] La barre, qui ne parcourt pas toujours toute la portée, se déplace vers le haut ou vers le bas, en fonction du développement de la mélodie.

[7] Cf. PM 1, 142.

[8] D’après la notice bibliographique de l’abbaye, aimablement communiquée par Dom Luc Fauchon.

[9] Cf. p. ex. f° 17-19.

[10] L. H. Cottineau, Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés, vol. 2, Mâcon, 1937, 242.

[11] Commentaires de Dom Luc Fauchon, Bibliothécaire de la Grande-Chartreuse que nous remercions vivement.

[12] DACL, art. « Chartreux », 3, col. 1045 ; B. Lambres, « L’antiphonaire des chartreux », EG 14, 213-218.

[13] B. Lambres, « L’antiphonaire des chartreux », EG 14, 217.

[14] Elle remonte à l’archiépiscopat d’Agobard. Voir à ce sujet Agobardus Lugdunensis, Epistola 18, MGH Epistolæ Karolini ævi, III, 233. Cf. M. Huglo, « Les remaniements de l’Antiphonaire grégorien au ixe siècle : Hélisachar, Agobard, Amalaire », Culto cristiano, politica imperiale carolingia. XVIIIe Convegno internazionale di studi sulla spiritualità medievale, Todi, 1979, 87-120.

[15] Au moins pour les répons de l’office nocturne.

[16] J. Claire, Les répertoires liturgiques latins, 13 et 159. Cf. aussi l’article « Lyon », DACL 10, 236.

 

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